L’accent du Sud

Le sud de la France me fait craquer.  La lumière y est  différente et les ciels, jamais longtemps habillés de gris.  Atmosphérique le Sud de la France? Sans aucun doute. Je rentre d’un périple sur ses routes  bordées de platanes, à fréquenter les marchés et brocantes de cités médiévales, à randonner le long des gorges et cascades, à me gaver d’histoire…et de fromages au lait cru.

Mon périple commence à Marseille, le temps de constater l’énorme chantier de la ville qui s’active, vitesse grand V, afin de recevoir le titre de Capitale européenne de la culture 2013. Déjà chaotique en tant normal, imaginez le brouhaha. Les transformations sont visibles particulièrement sur son front de mer – au nord du Vieux-Port – qui devient dorénavant piéton offrant ainsi une alternative des plus intéressantes à la traditionnelle promenade sur « La Canebière ».  Déjà fiers de leur ville, les Marseillais ont le torse plus bombé que jamais. J’ai déjà dit que j’adorais Marseille? Je vous raconterai pourquoi dans un autre billet.

Le temps d’un voyage-éclair à bord du TER (train régional), me voilà qui débarque sur le quai de la gare de Nîmes que je découvre pour la première fois. Surnommée  la ville avec un accent,  j’aime croire qu’il puisse s’agir ici de  l’accent chantant des films de Pagnol que je trouve personnellement  irrésistible! Tout comme les gens du Sud, dois-je avouer.

Tourisme gourmand et paradis pour randonneurs

Nîmes se situe dans le Gard, dans la région du Languedoc-Roussillon,  reconnue pour la qualité de ses oliveraies, ses fromages (coup de coeur pour le Pélardon frais), ses saucissons des Cévennes,  son huile de Picholine, ses châtaignes goûteuses  (vive les marrons chauds!), ses  tapenades et ses réputés vignobles dont les vins sont accessibles à prix doux. Quelques kilos en plus sont donc à prévoir au retour!

Nîmes est  l’endroit idéal à partir duquel on gravite vers ses gentils voisins: la Provence, la Camargue et le Vaucluse. Située à 40 minutes à peine de la jolie plage de l’Espiguette sur les bords de la Méditerranée, Nîmes est aussi entourée de montagnes facilement accessibles. Un paradis pour les randonneurs de tous niveaux avec des paysages dont la beauté donne le vertige.

Inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, les Gorges du Gardon sont – entre autres –  le théâtre de bien des exercices. On s’y initie à la spéologie et  à la via ferrata  ou on randonne simplement dans les nombreux sentiers à l’impeccable signalétique. Du côté des Cévennes, vallées encaissées, forêts profondes et plateaux calcaires mènent au toit du monde, le Mont Aigoual, à 1 565 mètres d’altitude. Partout le shiste roule sous les semelles pendant qu’on s’en met plein la vue de paysages grandioses. On ne manquera pas d’emprunter la Corniche des Cévennes, de St-Jean du Gard à Florac.  On est ici au pays de Giono, un genre de Chine des grands fleuves.

À quelques kilomètres au sud-ouest de Nîmes, le Pic Saint-Loup est certes l’un des sommets iconiques de  l’Hérault avec ses 658 mètres dominant les Garrigues de Montpellier, face à l’arête rocheuse de la montagne de l’Hortus. Les amateurs de vin feront le lien avec la région d’origine du Domaine de l’Hortus, un vin généreux né d’un assemblage de syrah, de mourvèdre et d’une pointe de grenache, aromatique et boisé, avec une légère touche confiturée. Un délice!

Villages et cités médiévales

Samedi matin, direction Sommières pour le traditionnel marché et sa célèbre brocante.  On stationne la voiture et on entre à pied dans le village pédestre en empruntant le pont au bout duquel s’élève une immense horloge. Le long des quais, les brocanteurs proposent leurs vieilleries aux flâneurs tandis qu’à l’intérieur des murs de la ville, les étals de marchands locaux regorgent de produits frais qui font saliver. On fait ses courses pour se retrouver sur la grande place où un joli méli-mélo de tables de bois s’offrent aux plus gourmands désireux de goûter sur place le fruit de leurs achats. On sert évidemment à boire tandis que l’ambiance se fait rapidement festive. Y a pas à dire, les Français excellent dans l’art de vivre. On les envie de payer leur vin si peu cher, tout comme le plateau d’huîtres locales  (les Bouzigues) que je consomme fraîches, servies sur écailles, pour 6 Euros le plateau de douze. Miam miam!

La vie à Sommières n’est pas toujours rose. Au fil des ans, de nombreuses inondations ont envahies les petites ruelles et impasses de ce joli village aux façades ocres et aux volets colorés. Sur les murs de certains immeubles, on peut encore voir les marques indiquant la hauteur de la crue des eaux d’années en années. Impressionnant! Certains autres vestiges rivalisent d’ingéniosité, comme ce pont romain à 11 arches sur lequel on a construit le village au 1er siècle.

On poursuit la route vers St-Guilhem-Le-Désert . Construit au IXe siècle, le pittoresque village est tout petit, à l’opposé de sa place publique où trône un immense platane centenaire autour duquel église, cloître, petits cafés et restos typiques cohabitent joyeusement.

Direction Vézénobres, à 30 kilomètres au nord-ouest de Nîmes. Cette jolie cité médiévale est un incontournable pour ses demeures du XIe siècle et son imposant château fort devenue propriété privée, au sommet du village piéton. Vézénobres se mérite avec des montées tout en méandres menant au sommet d’où on peut apercevoir les Cévennes au loin. Mick Jagger y aurait longtemps possédé une propriété, attiré par le charme tranquille du lieu. On ne rate pas l’occasion de s’arrêter au restaurant Les Centaures, face à la mairie, question de déguster la fabuleuse Faisselle à la confiture de figues du patron.

Pour accéder au village de Uzès,   à 25 kilomètres de Nîmes direction nord-est, il nous faut longer et traverser les Gorges du Gardon. Plus proprette et touristique, la ville n’en vaut pas moins le détour avec ses galeries d’art, brocanteurs de luxe, jolies places publiques, ses clochers de fer forgé à la portugaise et bistros ensoleillés où les tartines grillées sont à l’honneur.  On ne rate pas la visite de la Cathédrale Saint-Théodorit (1090) dont le campanile n’est pas sans rappeler la tour de Pise. La lumière de Uzès m’est apparue différente, probablement en raison de la blancheur de ses maisonnettes du Xe siècle aux volets d’un bleu aux accents turquoises. Du bonheur pour les yeux! À partir de Uzès, on se rend au Pont du Gard, l’une des attractions touristiques les plus fréquentées de la région. La structure impressionne avec ses arches gigantesques surplombées d’une trentaine d’autres, plus petites, le tout servant jadis d’arrivée d’eau d’un aqueduc de 50 km alimentant la ville de Nîmes.

Bien que j’adore les platanes et les micocouliers (typiquement méditerranéen),  les cyprès sont chers à  mon coeur, donnant au paysage des petits airs d’Italie comme c’est le cas dans le charmant village de LaRoque sur Cèze. Sorte de Baux de Provence du Languedoc, le village est encerclé de vignes  (on est près de la région des célèbres vins de Bagnols) et juché au haut d’une colline au sommet de laquelle on peut apercevoir le Mont Ventoux. Ce qui frappe dans ces jolies ruelles piétonnes, ce sont les pavés faits de petites roches et galets dont les couleurs différentes et les formes utilisées créent un motif tel une mosaïque. Situées à moins d’un kilomètre du village, les Cascades du Sautadet méritent le détour. On prendra plaisir à pique-niquer près des chutes et des imposantes crevasses qui composent un paysage surréaliste.

Et voilà, la boucle est complétée avec mention spéciale pour Arles et Avignon, que ceux qui visitent la France pour la première fois se doivent d’ajouter à l’itinéraire.

Nîmes, la ville avec un accent

Du côté de Nîmes, on effectue un véritable plongeon dans la romanité et les vestiges d’une époque médiévale. Gargouilles, figures sculptées, hôtels particuliers du XVIIe siècle, cours intérieures et balcons ouvragés composent une architecture qui en impose. On peut facilement passer trois journées à Nîmes à flâner dans ses quartiers historiques dont le plus animé, l’Écusson. Un  labyrinthe de petites rues et passages piétons où pullulent boutiques chic ou culinaires, boulangeries, cafés et bistros sympathiques.  À proximité, se trouvent les fameuses Arènes – les plus grandes de France – , un amphithéâtre romain où  concerts populaires et corridas ont succédé aux combats de gladiateurs. Avec ses 21 mètres de hauteur et ses 60 arcades sur deux étages, l’édifice – achevé au 1er siècle avant J-C – en impose.  Tout près, la Maison Carrée, temple romain avec colonnades imposantes, cohabite avec le Carré d’art, juste en face. L’édifice  abrite le musée d’art contemporain. On monte à l’étage où un café en terrasse offre une vue imprenable sur la ville et ses toits de tuiles aux accents orangés. Au loin, la Tour Magne règne en maître sur le paysage, l’un des derniers vestiges du genre à se tenir encore bien droit et datant pourtant de l’An 15 avant J-C. La tour est située tout près des Jardins de la Fontaine, un immense parc public bordé d’un canal le long duquel les joueurs de pétanque se font nombreux.

Mon coup de coeur? La Place aux Herbes, devant la Cathédrale Saint-Castor. Pour ses petits bistros à l’ombre des clochers. La Place du Marché, à deux pas des Arènes, pour sa fontaine au crocodile, l’emblème de la ville. Le Café de la Petite Bourse, pour son espresso et sa vue imprenable sur les Arènes.  Et finalement, l’authentique Bistrot de Tatie Agnès, pour la bouille sympa de Dimitri – le proprio – et ses plats du jour, toujours délicieux, servis dans une ambiance typiquement nîmoise. À déguster avec le bon vin du pays!

Le moment du départ approche. Le  TGV me ramène sur Paris pour terminer ce séjour  en flânant sur les quais de la ville lumière. Mais, on a beau dire,  le Sud de la France garde pour moi une couleur  inégalée!

Photographies: Diane Laberge

 

Publié le : 9 novembre 2012 | Auteur: | Catégories : Carnets de voyage | Tags: , , , | 3 commentaires »

3 comments on “L’accent du Sud

  1. Tout est dit. Le beau texte de Diane Laberge est une invitation à la découverte des douceurs et des merveilles méridionales. Le sud vous attend!

  2. Bonjour Diane,
    Je suis un ami d Hélène Pelletier, c est elle qui m a envoyé votre carnet de voyage. Je suis natif de Nimes et j ai grandi a Uzes, en vous lisant mon esprit a traverser l ocean et des images de ma region me sont revenues, les arenes de Nimes, le pont du Gard, Uzés et son marché….mais aussi des saveurs, le saucisson, les olives, des odeurs provenant du thym sauvage dans la garigue

  3. De la garrigue, les champs de lavande, le bruit des cigales, l accent chantant….Grace a vos mots et a vos photos, j été de retour dans Mon Sud natal, un gros merci Diane.
    Philippe

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